Les différentes sortes de parapente
Il existe différentes formes de pratique du parapente et donc différents types de parapente. Nous vous proposons un petit point rapide depuis le Puy de Dôme, qui est un site central de notre pratique (géographiquement, historiquement etc.).
Un peu d’histoire…
Le parapente vient au niveau du matériel (voile) du parachutisme. Même si nous appartenons à la Fédération Française de Vol Libre (fédération délégataire par l’État) laquelle gère également le deltaplane, le cerf-volant, le kite surf, le boomerang etc... FFVL à qui nous devons tous un respect éternel ;-) pour la gestion du vol libre en France (gestion des sites de vol, réglementation en collaboration avec le ministère des sports, formation, clubs associatifs etc.).
La Fédération de Parachutisme (FFP) gère, pour le dire rapidement, principalement le parachutisme : sauter d’un avion, puis ouvrir un parachute, afin de reprendre contact avec la planète…
Les différences de finalité et de philosophie expliquant cette répartition. Les uns décollent en douceur, planent et veulent rester en l’air : les libéristes (de vol libre), parapente et deltaplane. Les autres sautent depuis un aéronef ou même d’une falaise (base jump) et utilisent leurs voiles pour stopper la chute : les parachutistes.
Premiers vols
Les premiers vols en parapente furent réalisés avec des parachutes notamment à Mieussy. Vous trouverez des détails à ce sujet en ligne sur la célèbre et géniale encyclopédie ici https://fr.wikipedia.org/wiki/Parapente#Histoire
Les parachutes à l’époque et aujourd’hui étant en tissu souple et poreux, le décollage n’était pas aisé. Les voiles de chute n’étant pas non plus faites pour voler loin et bien planer mais juste pour rejoindre le sol, les pionniers devaient donc partir de pentes abruptes...au risque de belles glissades...et sueurs froides...
Notez au passage que les deltaplanes étaient déjà en plein essor à cette époque de la fin des années 70. Le Puy de Dôme fut un site pionnier pour les deltistes comme nous l’évoquons ici sur ce blog.
Le premier parapente de l’auteur de ces lignes vers les années 1986 : une JMB Sport 24 (marque éphémère du célèbre alpiniste, aventurier Jean Marc Boivin ; premier à avoir décollé de l’Everest). Parapente « préhistorique » avec probablement moins de deux de finesse. Ici (photo en N&B) envol depuis le sommet du Puy de Dôme. Il s’agissait à peu près d’une copie de parachute mais en toile de spi donc non poreuse.
Les premiers moniteurs sont notamment Michel Didriche et Jean-Claude Bétemps qui ont d’ailleurs accompagné le directeur de notre école, François Garandet, lors de ses premiers vols dans les Alpes.
Les différentes sortes de parapentes actuels
Il y a les parapentes classiques que vous voyez souvent au dessus du Massif Central, dans les Alpes, les Pyrénées ou même en bord de mer. Avec différents niveaux d’exigence (débutant performance etc...). Les mêmes mais pour deux personnes : les parapentes biplaces.
Il existe aussi des mini voiles de speedriding speedflying. Des voiles dédiées à la voltige aérienne. D’autres spécialement conçues pour le vol randonnée (légères à porter et capables de décoller de zone étroites….). Les mono surfaces, encore plus légères que les précédentes...
Les parapentes « classiques »
Il s’agit des voiles classiques, mais que l’on peut classer selon l’expérience requise pour s’en servir.
Il est toujours assez difficile d’établir des tris de voiles écoles, débutant, intermédiaire, performance, compétition etc...
Les parapentes sont généralement « homologués » pour répondre à certaines normes. Il s’agit de tests de solidité aux G (force de gravité). Tous les modèles doivent réussir cette étape, mais il existe également des manœuvres en vol effectuées par des pilotes d’essai. On analyse ensuite, en déclenchant volontairement ces incidents en vol (fermeture, asymétrique, frontale, décrochage, spirale, vrille etc.), la réaction du parapente. Les modèles les plus faciles requièrent moins de compétences, rapidité, efficacité à l’inverse des voiles plus pointues.
Attention aucune homologation ne vous protégera d’une absence de pilotage ou d’une mauvaise analyse météorologique et aérologique, ni du respect de la réglementation aérienne (priorité en vol etc...).
Les parapentes sont donc homologués selon la norme européenne EN de A à D, puis CC.
- EN A correspond à une voile d’apprentissage et/ou destinée à des pilotes volant peu souvent et à la recherche d’un maximum de sécurité passive. A noter que certains très bons pilotes arrivent à passer des heures en vol et à avaler des kilomètres avec ce genre d’aéronef. La tranquillité de pilotage permet d’être parfois plus performant...Notre parapente école fétiche depuis de nombreuses années, l’Advance Alpha a déjà franchi la barre des 100 kilomètres aux mains de bons pilotes….
- EN B sont des parapentes un peu plus sensibles, souvent plus manœuvrant et légèrement plus performants, leurs formes sont un peu plus allongées, un peu moins carrées. Certaines telles l’Advance Epsilon servent en école (initiation mais surtout en perfectionnement).
- La catégorie EN C comprend les voiles destinées à avaler les kilomètres, à faire de la distance. Il s’agit d’ailes sportives nécessitant de voler souvent et d’être expérimenté. Elles vous rendent cette exigence en termes de plané, de taux de chute minimum mais surtout de maniabilité et capacité à contrer le vent de face grâce à leur vitesse/air.
- Les EN D sont de « très haute performance ». Il s’agit d’ailes très allongées, très effilées. Il faut être très précis, calme et ambitieux pour pouvoir profiter de cette catégorie de voiles.
- Reste la catégorie CCC. Il s’agit de voiles destinées aux pilotes de compétition de haut niveau comme la Enzo 3 Ozone et Gin Boomrang 12.
© Photo www.gingliders.com Une voile de compétition, la "Boomerang-12"
à mettre en perspective des premiers parapentes comme, ci dessous, cette voile sept caissons.
Ici une Randonneuse Aile de K sept caissons, premier vrai parapente à large diffusion. Une vraie révolution à l'époque! Atterrissage de Laschamps au pied du Puy de Dome avec Francois (DTN de l'école) aux manettes. Conçue par l'excellent Laurent de Kalbermatten (Aile de Kalbermatten 😉!), souvenez vous de l'incroyable Trilair avec des ouïes à la place des entrées de caissons. Laurent de Kalbermatten maintenant concepteur de voiles...de bateaux avec toujours la même passion et du talent à en revendre http://inflatedwingsails.com/team-iws/
Les ailes de paramoteurs
Il peut s’agir de parapentes classiques mais de plus grande taille pour prendre en compte le poids du groupe de propulsion (moteur, hélice, réservoir, cage etc...). De nombreux constructeurs proposent des ailes spécifiques ou option du type « élévateurs paramoteur » pour l’usage du paramoteur souvent une variante d’un modèle parapente.
© Photo www.gingliders.com Pegasus-3
Le choix de son parapente
Le plus important à comprendre est qu’il faut choisir une aile qui corresponde à son niveau de pilotage, à son expérience, aux nombres et types de vols effectués chaque année. Demander conseil à vos moniteurs, qui connaissent le style de pilote que vous êtes. Pensez également au degré d’engagement que vous souhaitez. Pensez plaisir et sécurité qui sont largement compatibles en parapente ! La performance dépend très largement du pilotage et de l’analyse météo.
Les Biplaces
Les voiles permettant d’effectuer des tandems sont des voiles souvent homothétiques (projection à l’identique par un facteur x) de monoplaces mais pas deux fois plus grandes. Elles ont des comportements différents d’un monoplace car la surface alaire est plus importante [kg (pilotes et passagers) / mètres carré de voile].
Les biplaces bénéficient généralement d’homologation en EN A ou B. Il existe souvent deux tailles pour s’adapter au poids du pilote, par exemple 38 m2 pour les pilotes légers et 42 m2 pour les plus lourds. Nous avons eu, chez Flying Puy de Dôme, le plaisir d’encadrer des formations de biplace pour le compte de la FFVL. Il s’agit d’une pratique différente du monoplace, car en biplace on vole avant tout pour l’autre, en prenant des marges encore plus grandes et en intégrant le plus possible le confort et d’une certaine manière la psychologie de ses passagers.
Les voiles speedriding et speedflying
Il s’agit de toutes petites voiles de parapentes qui vont très vite. Parfois très très vite. Décollage à pied ou à ski. C’est une pratique réservée à des pilotes très réactifs et à la recherche de sensations fortes. Un des avantages est de pouvoir potentiellement voler par vent plus fort qu’en parapente classique. Nous avions à une époque fait des essais depuis le sommet du Puy de Dôme par vent trop fort pour une pratique classique. Les voiles réagissent au quart de tour aux commandes et sont même capables de faire des loopings et autres manœuvres radicales. Sans faire les rabats joie, toujours garder des marges par rapport au sol et faire attention de ne pas se laisser griser par les sensations…
Les voiles de voltige
Certains parapentes sont spécifiquement conçus pour la discipline de voltige acrobatique. Il s’agit de voiles renforcées et donc adaptées à des manœuvres radicales et répétées. La maniabilité et manœuvrabilité sont également plus poussées que sur un parapente classique. Quasiment toutes les marques proposent dans leurs gammes une voile de voltige utilisée notamment lors de championnat de France de voltige. Les pilotes spécialisés régalent les spectateurs. Un de nos moniteurs réalise souvent des vols de démonstration qui sont magnifiques à admirer.
Les voiles montagnes ou randonnées
Au début du parapente de nombreux alpinistes espéraient pouvoir redescendre systématiquement des montagnes en volant. Malheureusement le vent est régulièrement trop fort en altitude et ils se retrouvaient à avoir porté le parapente...pour le redescendre à pied. Aujourd’hui les trés bons pilotes gravissent les pics par les airs et montent au sommet en volant, comme c’est régulièrement le cas avec des parapentistes se posant au sommet du Mont Blanc.
Un de nos moniteurs qui fit son service militaire (obligatoire à l’époque) participât même à la mise en place du parapente dans les Chasseurs Alpins (vol de nuit, décollage haute montagne avec charge lourde etc...).
Il existe actuellement de nombreuses voiles légères conçues pour le vol rando. Les tissus sont souvent allégés avec théoriquement une durée de vie un peu plus courte que les voiles classiques. Chaque gramme est scruté pour alléger au maximum la machine aussi bien au niveau de la voile que de la sellette et du parachute de secours.
Nous adorons par exemple la PI de chez Advance ou la Masala de chez Skywalk. Vous pouvez voir un essai d’un des précédents modèles sur notre chaîne YouTube ici. Le modèle PI 3 est un véritable aboutissement en termes de compromis solidité, confort, sécurité.
Les compétiteurs de la célèbre X Alpes (traversée des Alpes en marche et vol) utilisent des voiles de compétition très performantes et légères.
Vol militaire en montagne
La célèbre et incroyable compétition X Alps
Les mono-surfaces
Il y quelques années l’impensable arrivât avec la suppression de l’intrados, cette surface de tissu sous le parapente. Jusqu’à arriver à une voile de série d’un peu moins de 1 kg ayant le volume d’une bouteille d’eau 1,5 litres. Il s’agit d’ailes très légères donc, et assez amorties car ayant une faible inertie notamment en tangage. Il existe même des voiles tandem mono-surface.
La Run&Fly 986 gr !!
Les différentes sortes de parapentes à l’âge de la maturité
Il existe des parapentes pour toutes les pratiques et pour tous les goûts. Le vol libre est devenu depuis de nombreuses années une activité mature aussi bien économiquement que technologiquement. Des progrès au niveau des matériaux, structures, en aérodynamique (informatique, soufflerie etc...) aux faibles vitesses que sont les nôtres avec des structures souples (tissus et suspentes), ont permis de voir la sécurité passive et les performances s’améliorer pour le plus grand plaisir des pratiquants...